La santé mentale, il faut qu’on en parle!

La santé mentale, il faut qu’on en parle!

« Leurs excuses « j’ai plein de dossiers », je suis un dossier aussi, je suis là aussi »; Je pense que c’est compliqué quand on est jeune parce qu’on ne sait pas vraiment vers qui se tourner pour avoir un bon suivi et se sentir à l’écoute.; « j’aurais mieux aimé qu’il écoute au lieu d’écrire »; « la psychiatrie est là pour aider à aller mieux, comme on va chez le médecin, quand on est malade pour aller mieux », « la santé mentale c’est une maladie sans être une maladie »; « si on va voir tel professionnel c’est parce qu’on a compris qu’il fallait aller voir les personnes pour discuter, on est pas un extraterrestre parce qu’on va là-bas, on va pas là-bas parce qu’on a envie de perdre une heure de cours ! »; « il y a secret professionnel et quand on dit secret professionnel, ce qui est entre le psychologue et le jeune reste entre le psychologue et le jeune, mais pas le psychologue entre le jeune et les parents. » […] « Elle m’a trahi par rapport à ça et du coup ça n’a rien arrangé avec mon père et ça a nouveau dégradé, tout a pété » 

Rapport de recherche

Ces dernières années, le Service droit des jeunes Namur-Luxembourg se voit de manière croissante sollicité par des jeunes présentant des troubles de la santé mentale, en errance, qui ont rencontré par le passé nombre de services et d’intervenants vers lesquels ils ne souhaitent plus être orientés.

Pour beaucoup de jeunes, et de familles, la seule évocation du CPMS, d’un Centre de Planning Familial, d’un Service de Santé Mentale, voire d’une consultation chez un psychologue privé, les rebutent. Les jeunes expriment le sentiment d’être « blasés », que rien ne pourra être fait pour eux. Les structures de prises en charge existantes ne semblent pas répondre à leurs attentes.

Afin de comprendre quels sont les freins au droit à la santé mentale des jeunes, nous sommes allés à leur rencontre. 18 jeunes ont accepté de nous livrer leur récit de vie. Certains d’entre eux sont encore accompagnés, d’autres plus ou plus par les mêmes services; quelques-uns vont mieux, d’autres pas encore tout à fait… Des jeunes que nous accompagnons nouvellement ou depuis longtemps, des jeunes rencontrés dans le cadre d’activités collectives, des jeunes accompagnés par nos collègues de l’Aide à la jeunesse dans des services ouverts, dans des services mandatés, dans des IPPJ, des jeunes qui dans tous les cas et pourtant de manière tout à fait singulière, expriment non sans difficulté un passé et un présent emplis de violences et de souffrance.

Ensuite, 13 professionnels ont été rencontrés afin de nous aider à comprendre les difficultés et dysfonctionnements identifiés par les jeunes. Des thérapeutes, des assistants sociaux, des directions, des psychologues, des coordinateurs, des pédopsychiatres, des juges de la jeunesse, tous ont acceptés de nous livrer le pendant de leur cadre de travail, de leur fonction, de leurs réalités. Conscients de leur limite d’intervention et de la nécessité de constamment bricoler, parfois aussi démunis que nous, ils se sont montrés compréhensifs et conscients des forces et des faiblesses du système. Souvent, en fait, ils ont pu rejoindre et faire résonner les témoignages des jeunes.

Ce rapport de recherche est structuré en 3 parties. Chaque partie laisse une grande place à la parole des jeunes et des professionnels rencontrés.

La première partie contextualise le sujet, d’une part en traçant un bref historique du secteur et, d’autre part, en tentant de délimiter le champs de la santé mentale.

Le seconde partie aborde les questions juridiques. Quel statut pour un patient mineur? Qu’en est-il des droits du patient? Quid du passage à la majorité? Nous y abordons également l’utilisation de la contrainte, la médication, les cas de jeunes dépendant de plusieurs secteurs…

Enfin, la troisième partie du rapport vous propose une analyse croisée des entretiens des jeunes et des professionnels.

Nous vous souhaitons une belle lecture de cette recherche-action.

Au plaisir d’échanger avec vous.

Capsules vidéos de sensibilisation créées par les jeunes, pour les jeunes au départ de leur récit.

Les jeunes interviewés ont souhaité participer à la création d’un outil de sensibilisation. 4 capsules vidéo ont été réfléchies et tournées avec eux (grâce à l’accompagnement de RTA) sur les thématiques suivantes:

  • la stigmatisation ressentie lorsqu’on est usager d’un dispositif de soin en santé mentale.
  • l’importance de respecter le secret professionnel et le cadre de travail.
  • le sentiment de solitude, de ne pas être cru par les professionnels.
  • le manque d’informations sur les dispositifs existants.

Cliquer ici pour visionner ces capsules.